Vanessa Bokanowski – Psychologue à Bruxelles

La psychothérapie : de la survivance à la vie.

“Tout désir, même celui de parler, est un désir de vivre.”

Hubert Aquin (1929- 1977)

La psychothérapie est à mon sens la seule méthode qui a le pouvoir de modifier drastiquement la destinée d’une personne.

Quand je parle de destinée, je fais plus implicitement référence aux failles, manques, mais aussi forces, ressources que nous avons acquises ou non lors de notre enfance et qui plus tard, forgeront nos choix, nos décisions jusqu’à même choisir l’élu de notre cœur. C’est pour ma part la seule forme de destin en laquelle je crois.

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En psychologie, nous comprenons que seule une petite part de notre vie est due au hasard. La personnalité se forme dès les premiers mois de la vie dans l’interaction avec nos objets primaires plus communément nommés, nos parents.

Pour illustrer ce propos, il est évident, qu’un enfant élevé par des parents qui ont vécu dans un contexte de guerre, donc de mort et constamment sur le qui-vive, pourront transmettre cette angoisse à l’enfant. Ce même enfant se demandera d’où lui vient, plus tard dans sa vie, cette hypervigilance, méfiance, guettant sans cesse le moindre danger. 

Il est dès lors probable que cet enfant développera dans sa vie adulte une forme d’anxiété généralisée qui lui viendra dès lors d’un héritage familial.

La psychothérapie individuelle

De même qu’un autre enfant, élevé par une mère ou un père peu aimant ou ayant des problèmes d’addiction par exemple, en lien avec une enfance difficile ; aura plus tard des problèmes dans sa vie amoureuse. Celui-ci choisira alors des partenaires peu aimants ou en souffrance parce qu’il aura grandi dans l’idée qu’il ne peut pas être aimé, ou bien ce partenaire peu aimant évoquera quelque chose de familier, cela étant la seule chose que cette personne ait connu.

L’humain est le fruit de toutes ces interactions qui ont lieu avant lui. Il est le fruit de ses ancêtres, histoires compilées, drames, guerres, non-dits, etc. Mais heureusement aussi amour, tendresse, ressource, constituant la partie saine de la personnalité, partie sur lequel la personne pourra prendre appui lors du processus thérapeutique.

Étant thérapeute d’orientation psychanalytique, je crois fortement en mon école de pensée, j’ai également étudiée les autres modèles mais il n y a que celui-ci qui m’ait vraiment parlé. J’ai la conviction que l’on ne peut comprendre l’anxiété, la dépression, la phobie ou tout autre formation symptomatique en faisant fi de l’historicité du symptôme. Comme la personne, le symptôme à une histoire et c’est dans l’essence même de cette histoire, dans ses racines qu’il faut aller puiser le sens si cher à la guérison.

vague d'émotions

C’est le patient qui sait, car il est le seul à connaître son histoire, le thérapeute est un guide auprès de lui, qui l’aidera à chaque étape du parcours à reconstruire son histoire morcelée. 

Je pense que tout école ou tout mouvement de pensée, qui se laisse emporter par le mal du siècle qui est « le tout, tout de suite » ne peut réellement s’inscrire dans une démarche d’honnêteté intellectuelle. Un symptôme met du temps à se construire et donc aussi à se déconstruire et ce n’est pas un médicament ou une thérapie brève qui promet qu’en trois séances le problème sera réglé qui en viendra à bout, tout séduisant que cela puisse paraître.

tristesse et dépression

L’esprit, la mémoire met du temps à se réapproprier son histoire. En grandissant, nous avons oubliés la plus grande partie de nos souvenirs d’enfance, tentant à tout prix de vivre l’instant présent, mais eux, ces souvenirs nous ont-ils vraiment oubliés ? Et ne faut-il pas parfois une vague de fond, un déménagement, un changement, une perte, un deuil pour qu’ils viennent se rappeler sous une forme déguisée, à notre mémoire ? C’est justement ce déguisement qui fait si peur, car il vient sous une forme étrangère se rappeler à nous, « qui est cet autre » ?

Ce déguisement peut prendre plusieurs formes : tristesse, dépression, anxiété, manie, etc. Il symbolise pourtant toujours une partie de notre histoire qui n’a pu être intégrée dans le passé par notre psychisme. Soit nous étions trop petits et donc trop immatures pour pouvoir l’accueillir, soit tout simplement elle était trop douloureuse et a été écartée, nous épargnant momentanément, tout en nous amputant d’une partie de notre histoire.

L’être humain a naturellement tendance à s’épargner tout affect douloureux. C’est comme cela d’ailleurs que se construit notre système de défense par rapport à une réalité externe, perçue comme trop difficile, décevante,  traumatique et alors inintégrable. Tout se plonge dans l’oubli et réémergera un jour sous la forme d’un ou plusieurs symptômes plus ou moins douloureux.

C’est quand les symptômes se font trop douloureux ou ont tendance à se répéter au cours de la vie, nous empêchant de vivre pleinement celle-ci, que l’aide d’un psychothérapeute peut prendre tout son sens.

voir un meilleur avenir

C’est avec la personne choisie, car il est important de bien choisir son thérapeute, que petit à petit, ce symptôme va pouvoir être adressé. D’état de crypte, il va commencer à pouvoir reprendre sa malléabilité. Si ce symptôme peut tout à coup être entendu, après avoir été ignoré si longtemps, lui aussi va petit à petit recommencer à s’exprimer. Il s’exprimera alors sous la forme de souvenirs qui reviennent, de rêves, et ceci dans la relation avec le thérapeute.

La boîte de pandore est enfin ouverte et demande à se vider de ses précieux contenus, enfouis au fond de l’inconscient depuis si longtemps. 

les richesses cachées

Sans allez jusque là, je dirais que l’être courageux qui le jour où il voit sa vie chanceler, pousse la porte du bureau d’un psy, non sans être empli d’une certaine appréhension, ne peut imaginer le monde de richesse qui s’offre à lui… !

On passe de la survivance à la vie. Par survivance, je fais référence à l’être qui peine à vivre sa vie, entravé souvent pas le poids des symptômes du passé qui le limite dans ces choix, dans ces désirs. Par vie, je parle de l’être qui peut enfin pleinement vivre sa vie, faire enfin ses choix en pleine conscience, déchargé du prisme des fantômes du passé.

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